vendredi 20 juillet 2012


Se glissant silencieusement dans la chambre, un bougeoir lui offrait, de sa lumière vacillante, le spectacle impudique de deux jeunes hommes entièrement nus. Ils dormaient dans ce lit au désordre éloquent, l’un était blond avec un corps admirablement bien proportionné : épaules larges et hanches étroites. La jeune femme glissa un regard gourmand sur ce corps à peine sorti de l’adolescence dont la musculature était déjà bien développée. L’autre éphèbe endormi était très brun, avec cette grâce méridionale des gens du Sud. Les larmes montèrent brusquement aux yeux de l’épouse bafouée et pourtant, profondément éprise. Elle la trouvait belle, cette scène troublante de deux jeunes hommes emmêlés et certainement éreintés après leurs joutes passionnées... Elle contourna l’alcôve et s’avança vers son époux, l’Adonis aux cheveux dorés.
- «le Roi vous mande en toute urgence, Philippe. Le messager vous attend dans le salon bleu » lui murmura la Marquise, ses doigts glissant dans les boucles dorées de l’homme qu’elle adorait. Le regard bleu s’entrouvrit, encore perdu dans les brumes du sommeil et, reconnaissant le visage de madone penché sur lui, retrouva vite toute son acuité glaciale. Sans un seul regard vers son amant, le Marquis se redressa, couvrit sa nudité d’un drap et enlaça son épouse pour l’embrasser à la tempe, là où il aimait se faire chatouiller le nez par les légères bouclettes blondes. Et il la quitta sur le seuil de la chambre, l’esprit déjà entièrement tourné vers son Roi qu’il avait toujours servi fidèlement…

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